La création du Ballet royal de la nuit, le 23 février 1653, était la première de sept représentations qui se succédèrent jusqu’au 16 mars.
L’œuvre, déclinée en quatre parties (ou veilles), est admirée pour la quantité des acteurs, dont tous étaient des nobles, la complexité du décor, et l’utilisation de machines pour produire des effets spéciaux. Par exemple, la première partie est composée de quatorze entrées et commence par le coucher du soleil (dans la réalité et sur la scène); le soleil se couche et la nuit avance sur un char tiré par des hiboux. La deuxième partie dure de 21 h jusqu’à minuit, avec quatre entrées dans lesquelles les personnages de Vulcain et des Cyclopes jouent les rôles principaux. La troisième veille, qui commence à minuit et s’étend jusqu’à 3 h du matin, contient treize entrées. Finalement, la quatrième veille commence à 3 heures et se termine à 6 heures. La dernière de ses dix entrées se conclut par l’apothéose du roi Louis XIV, qui apparait comme Dieu Soleil à la fin de treize heures de scènes qui représentent la discorde dans le royaume de France.
Louis XIV avait quatorze ans quand le ballet le propulsa dans le symbolisme collectif en préparation de son sacre, cérémonie qui fit de lui un roi de droit divin, célébrée à la cathédrale de Reims, en 1654. Ainsi se réalisait le dessein d’une monarchie directe et ininterrompue depuis Catherine de Médicis, sous les auspices des cardinaux de Richelieu et Mazarin, régents du jeune roi avec sa mère, Anne d’Autriche. Mazarin était aussi son parrain et chargé de son éducation, devant lui insuffler le gout de l’art dans l’architecture, la peinture, la littérature, la musique et la danse, ainsi qu’une philosophie d’action vers le pouvoir absolu. Lorsque le cardinal Mazarin décéda, Louis XIV adopta officiellement comme symbole le soleil et affirma sa monarchie comme étant absolue. Bien que son règne fut caractérisé par une maitrise des stratégies militaires et politiques, Louis XIV est surtout reconnu pour avoir gouverné pendant une période culturelle éclatante que l’on appellera plus tard le Grand Siècle français, un âge d’or où rayonnèrent l’architecture, avec le jardin des Tuileries et le palais de Versailles (magnifiquement construits par Louis Le Vau et André Le Nôtre et décorés, à l’intérieur, par l’Académie royale de peinture et sculpture), les lettres, avec l’œuvre de Jean-Baptiste Poquelin (Molière) et la musique, avec Jean-Baptiste Lully. Ce florilège artistique compte aujourd’hui parmi les fondements de l’apport français au patrimoine mondial.
L’auteur anime Trésor de la musique classique à 21 h, les dimanches et mercredis sur CIVR 103,5 FM et Radiotaiga.com.