La première tournée de Niccolo Paganini dans le nord de la péninsule italienne est couronnée de succès. Jusque-là, personne n’avait vu un violoniste et mandoliniste avec une telle dextérité.
Ses prestations sont magiques et ses compositions, dans lesquelles il reproduit des atmosphères acoustiques champêtres, charment le public. On s’épate surtout de sa virtuosité. Paganini passe des octaves les plus graves aux plus aigües si rapidement, que l’auditoire ne pouvait pas voir les doigts de sa main gauche. Sa main droite, elle, effectue des staccatos avec l’archet et des pizzicatos avec ses doigts qui dansent sur les cordes. La tournée se termine en 1801. À ce moment, le virtuose se retire à nouveau en campagne pour se dévouer à l’agriculture et à l’étude de la guitare.
Entretemps, les armées de Napoléon conquièrent la République de Gênes et sa voisine : la République de Lucques. Cette dernière devient une principauté française gouvernée par la sœur de Napoléon, Élisa Bonaparte, épouse de Félix Bacciochi. Le couple est passionné par la musique savante italienne et structure un orchestre dans la ville de Lucques. En 1805, Niccolo Paganini, qui maitrise le violon, la mandoline et le violoncelle, est engagé comme premier violoniste de l’orchestre, un poste qui a cette époque est équivalant à celui d’un chef d’orchestre. Il devient par le fait même professeur privé de Félix Bacciochi. C’est au début de ce mandat que Paganini compose ses célèbres Vingt-quatre Caprices pour violon solo, œuvre inspirée par les compositions du même nom de Pietro Locatelli.
Paganini travaille avec les Bonaparte jusqu’en 1809. À partir de ce moment, il retrouve son indépendance et retourne donner des concerts publics en solo ou avec des orchestres de chambre du nord de l’Italie. Ces orchestres sont réunis par de grands théâtres d’opéra construits dans les débuts du XVIIIe siècle. Parmi eux se trouve la Scala de Milan. Ce théâtre fondé en 1717 sous le nom de Teatro Regio Ducale, 48 ans après la fondation de l’Académie royale de musique à Paris, est un des grands podiums de la musique classique et du ballet d’Europe. Le théâtre prend le nom de Teatro alla Scala en 1778 après sa reconstruction due à un incendie survenu en 1767.