
Xavier Lord-Giroux et son acte d'apostasie. En 2016, l'auteur a officiellement renoncé à la religion catholique. (Courtoisie Xavier Lord-Giroux)
Avec L’acte d’apostasie, le dramaturge Xavier Lord-Giroux interroge notre rapport au sacré et la place résiduelle des traditions religieuses comme socle ébranlé de la société.
La plus récente pièce de Xavier Lord-Giroux sera dévoilée, aujourd’hui, au festival À haute voix de Moncton. Dans L’acte d’apostasie l’auteur installé à Yellowknife depuis deux ans s’est questionné sur la place du sacré dans une société marquée par l’abandon du religieux.
« À travers l’aventure humaine, on est passé par différents stades où la religion a joué un rôle plus ou moins important », expose l’auteur dont la pièce a été rédigée dans le cadre d’une maitrise en création littéraire. « Et, dans les sociétés occidentales, poursuit-il on remarque une perte de vitesse de la religion ; elle est toujours présente, mais la religion n’est plus structurante comme elle l’a été dans le passé. […] Mais même si la religion perd du terrain, le sacré, lui, est toujours là et on le réinvestit dans d’autres choses. »
Le titre de la pièce réfère à la démarche entreprise par un individu pour se dissocier officiellement d’une religion, un parcours que l’Acadien baptisé catholique a lui-même complété. En 2016, Xavier Lord-Giroux a reçu un certificat attestant qu’il n’est plus affilié à la sainte Église.
« J’avais besoin de créer une rupture avec les traditions de ma famille », confie-t-il. Il affirme un désaccord avec les préceptes de l’Église qui lui apparaissent homophobes et sexistes. L’égalité homme-femme et le respect de la diversité sexuelle, note-t-il, « ce sont des valeurs qui étaient présentes dans ma famille, mais il n’y avait personne qui osait affirmer cette rupture-là. Alors, moi, j’ai voulu le faire. Et je le fais, aujourd’hui aussi, en écrivant cette pièce. »
Le divorce de conscience est source de tensions. « Avec chaque personnage, j’ai voulu montrer une position différente par rapport à la religion et par rapport au sacré, explique-t-il. Le personnage principal est confronté à chacune de ces opinions, donc c’est un gros débat autour de la question de la religion. »
Mise en lecture
La pièce est présentée en première lecture au festival À haute voix, un happening à Moncton où des pièces inédites sont lues — et non pas jouées — par des comédiens. Alors que Xavier Lord-Giroux avait lui-même mis en scène sa première pièce, Les préliminaires, cette fois, la représentation ne lui appartient plus. C’est Philip-André Collette qui signe la mise en lecture.
« Je suis soulagé de voir que, enfin, je peux me détacher de mon travail et de laisser d’autres travailler dessus, parce que je pense que ça peut améliorer et ça peut enrichir ce que j’écris, sous-pèse l’auteur. Mais j’ai une petite angoisse parce que la pièce a été écrite pour deux comédiens et ils ont décidé de la monter à trois. »
Présentée en chaire et en voix au théâtre de l’Escaouette, ce vendredi 22 janvier, L’acte d’apostasie sera ensuite consultable en ligne jusqu’à la fin février par l’entremise du site web du théâtre et de ses différentes plateformes de médias sociaux.
Xavier Lord-Giroux, n’est, du reste, pas le seul Ténois dont l’œuvre est mise en lecture lors de cette 10e édition du festival. L’autrice Amber O’Reilly signe également une pièce présentée en première lecture publique. Annie et Tom du lundi au vendredi a été interprétée sur scène le 14 janvier dans une mise en lecture de Katherine Kilfoil et l’enregistrement de cette prestation est d’ores et déjà disponible sur la chaine Youtube du Théâtre de l’Escaouette.
Xavier Lord Giroux est un collaborateur régulier de L’Aquilon. Il signe chaque semaine depuis aout 2020 le roman-feuilleton La dévoration dont les épitres sont publiées dans ce journal.