
Christine Ratel,enseignante en prématernelle, tient dans les mains les consignes sanitaires enseignées à ses jeunes élèves. (Crédit photo : Cécile Antoine-Meyzonnade)
À l’école francophone de Yellowknife, Allain St-Cyr, 165 élèves ont fait leur rentrée lundi 31 aout.
Au programme, masques colorés bien accrochés aux oreilles pour les élèves, bouclier facial en plastique pour les enseignants.
« Il y avait une fébrilité ce matin. C’est sûr que le visage de l’école change. » La directrice de l’école, Sylvie Larosse, harnachée de sa visière plastifiée, est soulagée par le déroulement de cette rentrée.
« C’est même au-delà de mes espérances, confie-t-elle. Le plan fonctionne, je pense qu’il y a eu beaucoup d’énergie qui a été investie et ça a porté ses fruits. »
Selon la directrice, il était nécessaire de commencer la planification dès le printemps. « Il y a des mesures qui ont été changées au fil du temps et nous avons été capables de nous adapter. Pour une fois, être une petite école nous avantage. »
Dans les couloirs, impossible d’oublier la pandémie. Les gestes barrières sont rappelés à chaque coin, des distributeurs de gel dernier cri sont répartis aux points stratégiques.
Bien protégé par une vitrine, Allain, la mascotte-renard de l’établissement, est lui-même masqué. Une personne supplémentaire a d’ailleurs été engagée pour le nettoyage à tout moment de la journée.
Symptômes
Si cette première journée s’avère positive, la directrice s’inquiète du futur et, surtout, des possibles symptômes que pourraient ressentir les élèves.
« L’avenir va être plus dans le concret avec la réalité des symptômes […] Il y a un protocole et ça prend la collaboration de toute la communauté », dit-elle.
Une salle d’isolement est prévue dans l’enceinte de l’école, mais cette solution est temporaire d’après la directrice. « J’ai demandé aux parents d’identifier quelqu’un qui peut venir tout de suite. Aujourd’hui, ce n’est plus une option de venir ou non. »
Sylvie Larosse tient tout de même à préciser qu’un seul symptôme, comme un nez qui coule, ne sera pas vecteur de renvoi à la maison.
Classes « bulles »
Parmi les adaptations liées au plan de réouverture, on retrouve les classes « bulles » ou « bulles » de classes : au secondaire, les élèves ne changent plus sans arrêt de salle de classe, mais gardent la même. Ce sont les enseignants qui doivent naviguer entre les différentes classes.
Selon Simon Markowski-Bourque, professeur principalement au secondaire, l’organisation sera peut-être à ajuster au fur et à mesure. « Pour nous, les enseignants, le problème est de ne pas avoir de base, on s’installe à la bibliothèque parce qu’on n’a pas nécessairement de place, détaille-t-il. Du côté des élèves, le problème est inversé parce qu’ils restent toujours au même endroit. »
Ainsi, des bureaux ont été installés provisoirement, notamment à la bibliothèque.
Le professeur, qui vit cette année sa dixième année consécutive, s’interroge sur la suite de l’année. « Les cours en tant que tels ressemblent à ce qu’ils étaient, mais les temps de transition, les débuts et fins de journée sont très différents et vont devenir plus problématiques, souligne-t-il. Est-ce qu’à long terme ça va s’essouffler ? J’ai l’impression que oui. »
Installer une « routine »
« Tout le monde s’est bien ajusté, explique la directrice. Je suis impressionnée de voir à quel point les enfants naviguent avec facilité dans ces nouvelles règles. » Effectivement, dans la cour, on peut entendre une jeune élève crier à un autre d’enlever son masque « parce qu’on est à l’extérieur ».
Au premier étage, Karine Pelletier, professeure de 2e et 3e année, prépare ses leçons à venir. « Il faut qu’on installe une routine à partir de maintenant, mais les jeunes savaient quoi faire. Je pensais que ce serait plus long. »
Revenir à l’école était nécessaire selon elle. « Ils s’ennuyaient, moi je suis apaisée maintenant. Ayant trois enfants à la maison, je ne veux pas revivre l’école à la maison. »
« C’est le Jour 1, on va s’ajuster », de dire la directrice avant de conclure dans un sourire : « On refera un bilan dans un mois ! »