« Lorsque l'on examine la situation du français aux T.N.-O., il apparaît
clairement que le GTNO ne respecte pas tous les engagements qu'il a pris
envers la communauté francophone et le gouvernement fédéral, a déclaré le
président de la Fédération Franco-TéNOise, André Légaré.
En janvier 1999, la FFT a embauché la firme Nadeau, Beaulieu et
Associé.e.s, afin de mener une étude sur la disponibilité des services en
français offerts par le GTNO. L'objectif de cette enquête, nommée Opération
Polaroid, visait à recueillir des données statistiques sur la disponibilité
de ces services au sein des agences et ministères gouvernementaux en
conformité avec la Loi sur les langues officielles des T.N.-O.
D'après les résultats de cette étude, 98 % des bureaux n'offraient pas
activement un service en français, 14 % des préposés gouvernementaux
contactés ne pouvaient s'exprimer dans la langue de Molière, 75 % des
produits gouvernementaux n'étaient pas offerts en français le jour où la
requête fut déposée. Au total, le rapport de la firme a permis de constater
que seulement 40 % des demandes ont pu être exprimées en français, contre
58 % qui le furent en anglais (le 2 % manquant représente les requêtes
refusées).
Au moment de l'enquête, 40 % des préposés parlaient le français au
ministère de l'Éducation, de la Culture et de la Formation (MÉCF).
Toutefois, malgré le fait qu'on ait répondu en français aux deux-tiers des
requêtes, ce ministère a tenté d'inciter (dans 80 % des cas) les sondeurs à
s'exprimer en anglais. Surprenant puisque le budget de l'annexe B prévu
pour le MÉCF était le plus élevé : ce ministère disposait d'un montant de
720 000 $ pour mettre en application la politique sur les services en
français au cours de l'exercice financier 1997-1998. De cette somme, 214
973 $ ont été retournés au gouvernement fédéral.
Au ministère de la Santé et des Service Sociaux, 75 000 $ avaient été
alloués en 1997-1998, pour les services en français. Cependant, 12,7 % de
ce montant a été retourné au fédéral. Il faut mentionner que l'hôpital
Stanton a embauché une coordonnatrice responsable des services
linguistiques. D'ailleurs, le rapport financier de 1997-1998 certifie que :
« le service [en français] est offert 24 heures par jour ».
Pourtant, des citoyens se sont vus refuser l'accès aux services en
français. Lors d'un rendez-vous avec un spécialiste, Mme Suzanne Houde
s'est vue refuser l'aide d'un traducteur sous prétexte qu'il n'y avait
personne disponible à ce moment-là. « L'offre de services en français est
importante en milieu hospitalier car les termes utilisés sont parfois très
techniques », constate Mme Houde. Elle fait d'ailleurs allusion à un autre
incident qui s'est déroulé à Stanton. « J'étais allée à l'urgence car
j'avais des nausées et le mal de coeur. Quand j'ai dit à l'infirmière que
j'avais mal au coeur, elle a cru que j'avais un malaise cardiaque et m'a
transportée dans une salle pour me faire subir plusieurs tests en la
présence d'une équipe de médecins. Je fais de la pression artérielle, alors
disons que j'étais énervée », se souvient Mme Houde. Pour cette dernière,
le malentendu n'a pas eu de conséquences graves.
La FFT lance un cri d'alarme et rappelle les résultats d'un rapport qu'elle
a publié en avril dernier. Ce rapport spécifie que le taux d'assimilation
vers l'anglais est d'environ 57 %. La proportion de résidents des T.N.-O.
ayant le français comme langue maternelle est passé de 3,3 % en 1971 à 2,2
% en 1996, et le pourcentage d'usagers de cette langue est passée de 1,7 %
à 1 % pour cette même période. Il semble donc y avoir un réel besoin
d'investir dans les services en français et le développement communautaire
francophone. Pendant ce temps, certains ministères renvoient une partie de
la somme qui leur est allouée au gouvernement fédéral, et d'autres
retournent la totalité de leur octroi à Ottawa, comme l'a fait l'Assemblée
Législative qui disposait de 5000 $ qui n'ont jamais été utilisés