
Carmen Braden durant les répétitions d’Aurora Chorealis à l'église du Calvaire de Yellowknife. (Crédit photo : Sandra Inniss)
Trouver la lumière dans la noirceur. C’est ce qu’évoque principalement la pièce de Carmen Braden, qui sera interprétée par l’ensemble Aurora Chorealis les 2 et le 3 décembre prochains à l’église Saint-Patrick, lors du concert Strike the Harp de la Yellowknife Choral Society.
« Il fait de plus en plus sombre, chaque jour. Et lorsque le soleil se manifeste [...] la lumière devient une présence physique, tactile. Tu peux la sentir quand tu marches dehors », rêvasse l’artiste Carmen Braden, en parlant de sa pièce Solstice Shadows.
Inspirée du poème de Clea Roberts, elle crée une composition dont la première représentation a eu lieu à Whitehorse en 2015. « J’ai été touchée par ce qu’elle évoquait, et je pouvais m’y identifier », raconte l’artiste née à Whitehorse et élevée à Yellowknife.
Observer la musique de près
Les mots s’étirent dans la pièce Solstice Shadows. La compositrice fait un zoom sur certains mots (muuuuuuuussssssiiiiiiiic), un effet qu’elle utilise et qui est à souligner puisqu’il démontre sa manière d’expérimenter la vie ici, à Yellowknife.
« Ce n’est pas comme si on avait des montagnes et des chutes d’eau partout ici. J’ai le sentiment qu’il y a plusieurs petits détails et subtilités. Quand tu fais un zoom de très près, ce sont plein de ces détails de la vie, très intéressants, que si tu observais juste de loin, tu ne verrais pas. C’est ce que j’aime d’être ici, c’est que tu dois prendre le temps et peut-être vivre ici un moment pour vraiment apprécier [l’environnement] », révèle-t-elle.
Elle donne en exemple à regarder de près « le lichen! », en montrant la photo de la pochette de son album qui paraitra en janvier, ajoutant que la photo lui fait penser au monde de Dr. Seuss : quelque chose de gros et de fou.
Carmen Braden est connue pour son amour des sonorités nordiques et l’utilisation qu’elle en fait dans sa musique. Cette fois-ci, l’idée n’est pas d’imiter le craquement de la glace, comme elle l’a fait dans ses pièces précédentes, mais plutôt de mettre l’accent sur le langage, qui fait partie du paysage sonore.
Peindre les mots
Le figuralisme est une technique musicale que la compositrice aime utiliser. Par exemple, dans le mot heaviness, lourdeur en français, il y a beaucoup de substance et de poids. Musicalement, cela correspondra donc à un son lourd. C’est aussi une occasion d’ajouter une harmonie inconfortable, c’est-à-dire un son dense et rempli de « rrrrr ». Et tranquillement, la lourdeur fait place à la lumière. Le chant devient moins condensé et plus diffusé, étendu. Cette technique permet de créer une image en utilisant la musique, non pas en imitant un son en tant que tel, mais en essayant d’atteindre un concept par le son.
Un chœur qui travaille fort
La compositrice apprécie travailler avec Aurora Chorealis. « C’est un chœur que je connais très bien et je connais Margo depuis longtemps. Je savais qu’ils seraient capables de faire [la pièce], même s’ils étaient aussi mis au défi », d’avouer la Ténoise.
Parmi les épreuves, le chœur a dû apprendre à jouer avec un piano qui avait sa propre âme. « Il n’est pas interprété en même temps que le chœur, ce qui peut-être inhabituel, décrit Mme Braden, puisque le piano constitue souvent un grand soutien pour le chœur ». Dans le cas de Solstice Shadows, le chœur doit apprendre à connaitre le piano et travailler avec lui, comme dans une danse. La harpe est un autre doux élément qui entre en jeu.
L’artiste est confiante et emballée pour le spectacle de la semaine prochaine : « C’est un chœur qui est très soutenu, bien structuré et outillé pour aider les personnes qui n’ont jamais eu l'occasion d'apprendre à lire des partitions. [...] Pour chaque pièce, Margo a fait des pistes audio pour sopranos, altos, ténors et basses, afin que tous puissent se pratiquer. Ma mère est dans le chœur et c’est ce qu’elle fait, elle l’écoute sans arrêt ».